La France se donne-t-elle les moyens de développer les énergies renouvelables dans le bâtiment ?

Sep 14, 2021 | Le grand dossier du Mondial, Usagers & Habitants

Bruxelles a présenté mi-juillet son Green Deal. Parmi les objectifs un recours accru aux énergies renouvelables : 40% du mix en 2030 contre 32% précédemment. Le secteur public va devoir renouveler de 3% par an ses bâtiments. Dans le même temps en France le conseil d’Etat a tiré les oreilles du gouvernement en affichant notre retard en la matière. Le plus haute juridiction de l’Etat a enjoint le gouvernement de prendre des mesures supplémentaires avant le 31 mars 2022 pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de GES de 40% d’ici 2030.

Il y a encore de la marge dans le bâtiment : 23% seulement de l’énergie (thermique et électrique) consommée dans le secteur est d’origine renouvelable.
Thierry Rieser gérant du bureau d’études Enertech pointe du doigt la RE2020, qui doit entrer en œuvre le 1er janvier 2022. Il est assez déçu des propositions faites au regard l’ambition initiale de faire des bâtiments à énergie positive. Il souligne l’avancée qu’a pu être le label E+C- depuis oublié. Charles Pelé chef de division conception des bâtiments performants/ Département Energie Environnement CSTB rappelle que des expérimentations engageantes ont été menées. Il en ressort que la part des énergies renouvelables peut être plus grande sous réserve d’une conception adaptée et sans doute d’un effort pour minimiser les besoins. Richard Loyen délégué général d’Enerplan va même plus loin en estimant que cette réglementation qui n’a pas vu le jour est d’ores et déjà caduc.
Mais la donne pourrait changer. Pour Thierry Rieser, l’Europe a un rôle majeur à jouer pour bousculer la France notamment sur l’ACV dynamique. Richard Loyen voit aussi des signes encourageants en France même avec la loi Climat et Résilience et l’article 24 qui abaisse le seuil au-delà duquel les nouvelles surfaces commerciales, industrielles, artisanales, les entrepôts et les hangars ont obligation d’installer des énergies renouvelables ou de végétaliser un tiers de leurs toitures ou ombrières. Ce seuil, actuellement fixé à 1 000 m2, devrait passer à 500 m2 à partir du 1er janvier 2024. Une super courroie de transmission pour Richard Loyen. Eric Vial, délégué général du SFCB syndicat français des chaudiéristes biomasse insiste sur la nécessité de développer la filière bois et surtout de donner de la visibilité à tout le secteur. Tous les intervenants en conviennent : le mix énergétique est nécessaire et la complémentarité permettra le développement des ENR. En résumé la France ne déploie pas encore suffisamment d’énergies renouvelables dans les bâtiments mais cela pourrait vite changer.

 

Intervenants : Richard LOYEN, Délégué Général, Enerplan

.Charles PELE, Chef de division Conception des Bâtiments Performants / Département Energie Environnement CSTB

Thierry RIESER, Gérant, Enertech Scop

Eric VIAL, Délégué général Propellet France – Secrétaire général Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse  

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