Construire bio ou géo-sourcé, est ce possible ? Panorama des solutions et des filières matures

La nouvelle réglementation environnementale, la RE 2020 positionne les matériaux biosourcés comme solutions prioritaires, voire inéluctables, pour un futur éco-responsable dans les constructions neuves, tant en logements qu’en bâtiments tertiaires

Grande nouveauté de cette réglementation : la prise en compte de l’impact carbone des matériaux utilisés dans le bâtiment, de sa construction à sa démolition. L’analyse de cycle de vie (ACV) proposée prend notamment en compte le stockage carbone des matériaux utilisés, particulièrement important pour le bois et d’autres matériaux biosourcés. Le matériau bois est ainsi vertueux sur le plan de la méthode dite de l’ACV dynamique, puisqu’il capte le carbone en début de cycle de vie, avant de le libérer en fin de cycle de vie.

Les filières n’ont d’ailleurs pas toujours le même degré de maturité comme le souligne Bernard Boyeux. Le bois en tête. Et Julien Pemezec président du directoire de Woodeum. De souligner que « nos premières réalisations ont montré que l’on construit plus vite sans nuisance, réduction facture énergétique, réduction de moitié de l’empreinte carbone. » Woodeum est même en avance de phase sur la RE2020.

De son côté Benoit Rougelot Architecte, co-président RFCP  , Réseau Français de la Construction Paille souligne les qualité de performance de paille. « C’est un fabuleux isolant. La paille apporte des performances thermiques remarquables. »

La matière est là selon lui : on dispose de 300 kilos de paille par personne, en prélevant 10%. Avec cela nous faisons 500 000 logements par an.

Marion Rabier ingénieur éco-conception chez AKTIV tout jeune bureau d’études créé début 2022 accompagne la filière chanvre qui selon elle manque de structuration car le matériau est encore méconnu et souvent mal décrit. La nécessité d’une formation est mise en avant mais pas toujours nécessaire.

Malgré tous ces atouts de ces écomatériaux les acteurs de l’immobilier font parfois face à des difficultés pour les intégrer dans leurs pratiques. Le coût et les difficultés techniques ainsi que les contraintes réglementaires pouvaient sembler être un frein important à l’utilisation de ces matériaux mais des verrous se débloquent.

Il va falloir des bras dans les prochaines années selon Julien Pemezec  « On a du bois en France, une des 3 plus grandes forêts : il faut déployer des moyens pour l’extraire. On va plus que tripler la production française dans les prochaines années » Pour Marion Rabier le béton de chanvre est un procédé standard ce qui nécessite pas de compétence particulière mais davantage de la pédagogie . Pour Benoit Rougelot une requalification des métiers est clairement nécessaire.

Et Bernard Boyeux souligne une difficulté et pas des moindres pour le développement de ces filières. Aucun soutien ne leur est apporté, aucune TVA préférentielle n’a été mise en place malgré la volonté affichée de pousser leur utilisation. Tous se disent quand même optimistes sur les perspectives de filières qui ne demandent qu’à se structurer.

Une émission animée par Nathalie Croisé

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