Grâce à une transition digitale, la productivité du secteur de la construction pourrait augmenter de 60%. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée en 2020 par le cabinet McKinsey sur le futur de la construction. Les outils digitaux de dématérialisation et de collaboration permettent de réduire les risques de santé au travail grâce à une amélioration de la sécurité au travail, une réduction de la pénibilité des tâches qui sont souvent fatigantes et répétitives. Dans le même temps le BIM apporte de nouvelles façons de travailler
Mais high tech, low tech, quelle sera la bonne voie ? Les intervenants de cette séquence balaient rapidement le sujet. Car le constat est sans appel pour Philippe Bihouix ingénieur et directeur général adjoint de AREP, filiale de la SNCF, la croissance urbaine est insoutenable sur le long terme.
La notion de smart city est mise en avant depuis plus de 10 ans. Avec l’idée que les dispositifs électroniques l’internet des objets (IoT), ou encore le traitement des données (intelligence artificielle, big data) permettraient d’optimiser le fonctionnement futur des villes,
Philippe Bihouix estime que les « cas d’usage » environnementaux de la smart city restent peu nombreux, peu convaincants, anecdotiques eu égard aux enjeux énergétiques énormes des villes. Une autre voie doit donc être explorée.
Pour François Desgardin directeur des nouvelles offres et de l’innovation groupe chez Nexity le sujet n’est pas de mettre de tech partout mais de la mettre au bon ordre « Il y a beaucoup de data dans l’open data, une partie est liée à la monitoring. Il faut voir comment la capter et l’utiliser et c’est ce à quoi nous travaillons. »
Pour Nicolas Régnier CEO de Data Soluce et partenaire de Nexity, la réglementation européenne pousse à davantage de traçabilité donc la data est incontournable. Il lance d’ailleurs une levée de fonds pour financer un projet de data au service de la transition carbone des investisseurs immobiliers. Calculer au mieux son empreinte carbone c’est tout l’enjeu.
Dans ce contexte, l’écoconstruction fait sens. Les vocations d’architectes ou d’ingénieurs en faveur d’une conception « frugale », « sobre » voire « low-tech » se développent ; les pratiques évoluent lentement mais positivement souligne Philippe Bihouix : nouvelles réglementations, engagement plus nombreux de maîtres d’ouvrage, utilisation de matériaux biosourcés (paille, chanvre, lin…) ou « géosourcés » (terre, pierre, béton de site à base de matériaux excavés…), réemploi d’éléments architecturaux ou d’équipements, conception « bioclimatique ».
Pour Emmanuelle Patte architecte de Méandre etc , le bois ou encore la paille ce n’est pas de la haute technologie. Dans la nature il y a une intelligence de la matière. Il suffit de comprendre le milieu dans lequel on est. Elle travaille sur le low tech dans la rénovation énergétique.
« La philosophie low-tech nous conduit à composer avec le déjà-là, à conserver des matériaux massifs et leurs couleurs intrinsèques créant par exemple, pour la façade rénovée, une harmonie de beiges et d’ocres. Et tout le monde est heureux »
Et Philippe Bihouix de dire « avant de plonger dans les solutions techniques il faut voir de quoi nous avons besoin »
« C’est l’idée, sans tomber dans une standardisation dont nous essayons justement de sortir, mais en en optimisant les coûts, estime François Desgardin.
Au final tous s’accordent pour dire que ce n’est pas la technologie en elle -même qui fera l’avenir du bâtiment mais surtout les changements de pratiques. La crise que l’on traverse fait résonner d’autant plus fortement cette conclusion.
Une émission animée par Nathalie Croisé
- Philippe Bihouix, Directeur Général Adjoint de L’AREP
- Emmanuelle Patte, Méandre etc Archi – urbanisme bioclimatiques, Architecte éco-responsable
- François Desgardin, Directeur des nouvelles offres et de l’innovation groupe NEXITY-
- Nicolas Régnier, CEO de Data Soluce
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